Strasbourg – Contre la répression des lycéen.ne.s, étudiant.e.s et plus généralement des manifestant.e.s : Un pays qui a peur de sa jeunesse n’a pas d’avenir !

Communiqué de presse intersyndical CGT – CNT – FSU – Solidaires – AES – FSE

Les actions des collectifs « Bloquons tout » et « Indignons-nous » du 10 septembre, suivis de la journée d’action intersyndicale et interprofessionnelle du 18 septembre, ont été des journées marquantes.
Ce n’est malheureusement pas seulement parce qu’elles renouent avec le succès des grandes manifestations de la réforme des retraites qu’elles entreront dans l’histoire sociale de notre pays mais parce qu’elles marquent un nouveau tournant dans leur répression. C’est donc également l’intimidation exercée par le gouvernement les fera entrer dans le panthéon des luttes.


L’aggravation de la répression des mobilisations sociales engagée en 2016 avec la loi travail et la mise au pouvoir du 1er ministre Manuel Valls, suivie des répressions violentes des mobilisations contre la réforme des retraites de 2023, a pris une nouvelle ampleur en ce mois de septembre.
En effet, de l’aveu même du ministère de l’intérieur, c’est un déploiement de forces sans précédent qui a été mis en place : 80 000 CRS, policiers et gendarmes mobilisés, ce sont, d’après les chiffres de manifestants du ministère de l’Intérieur, 1 policier pour 3 manifestants le 10 septembre et 1 pour 6 le 18 septembre. Soit les chiffres des manifestants sont largement sous-estimés par les autorités soit cela interroge sur la disproportion des moyens policiers déployés.


Comment justifier l’emploi de véhicules blindés « Centaure » face à des manifestant.es ayant pour seule défense leurs slogans ? Comment justifier les charges et les intimidations à l’encontre des lycéen.ne.s devant leurs lycées ? Comment justifier les coups de boucliers et les arrestations face aux protestations de la population ? Comment justifier les charges à l’encontre des personnes venant protester contre l’enfermement de leurs camarades ?


Cette doctrine du maintien de l’ordre est mortifère. Elle cherche à tuer dans l’œuf tout mouvement social, en l’empêchant de croitre et de se développer. Elle attise et alimente la violence auprès de celles et ceux qu’elle opprime, qu’ils ou elles soient des travailleur.eu.es , des lycéen.ne.s ou encore des étudiant.e.s, car ils et elles ne se laissent pas faire.


Quand la violence et la répression de la jeunesse tiennent lieu de dialogue social, nous pouvons légitimement nous interroger sur l’avenir de notre liberté et de notre société.
La ville de Strasbourg n’est pas épargnée par ces mesures liberticides. Un accident de tram en février dernier a servi de prétexte à la préfecture pour encamisoler les manifestations, en multipliant les entraves au droit de manifester dans la ville.


A l’occasion de la manifestation du 18 septembre, la préfecture a imposé de multiples changements de parcours aux organisations syndicales créant le risque de confusions et de perturbations. Elle a également imposé la surveillance aérienne par des drones, la veille de la manifestation, rendant tout recours impossible. Le sérieux et le sens des responsabilités des organisations syndicales a néanmoins permis à la manifestation de se dérouler dans le bon ordre tout au long du parcours projeté.
Le caractère massif de la manifestation du 18 septembre et sa fin de parcours imposée par la préfecture, place de la Bourse, a créé des risques pour les milliers de manifestant.es qui se sont retrouvé.es coincé.es entre un dispositif quasi-militaire déployé pour protéger l’autoroute, et la rue de la Ière armée qui était déjà saturée. Nul doute que les forces de l’ordre auraient saisi le moindre prétexte pour charger ces milliers de manifestant.es piégés dans la rue engorgée de la Ière armée.
Afin de garantir la sécurité des manifestant.e.s, les organisations syndicales ont décidé, après discussion avec les forces de l’ordre sur place, de poursuivre la manifestation jusqu’à la Krutenau et permettre ainsi de garantir la sécurité des milliers de jeunes, salarié.e.s et retraité.e.s venus exprimer leur colère devant le mépris du gouvernement.


Cependant, les forces de l’ordre ont ensuite déversé, sans sommation, des dizaines de gaz lacrymogènes dans le quartier de l’université sur les quelques centaines de jeunes qui poursuivaient pacifiquement leur mobilisation et les CRS ont également chargé sans sommation. Les forces de l’ordre ont aussi encerclé tout le quartier de la Krutenau, sorti les flashballs, et ont commencé à embarquer et de mettre en garde à vue les jeunes manifestant.e.s.


Quels besoins de mettre en place toutes ces mesures si ce n’était de provoquer les manifestant.e.s, chercher à instiller eux-mêmes des troubles sous couvert de « maintien de l’ordre », ou encore de faire passer au second rang la réussite exceptionnelle de ces mobilisations septembre ?
Mais rien n’y fera : aucune répression policière n’a jamais arrêté la mobilisation sociale. Tant que le gouvernement n’aura pas répondu aux attentes de l’intersyndicale, porteurs des exigences sociales du monde du travail et de la jeunesse, la mobilisation ne cessera pas : car ce sont bien les exigences de justice sociale et fiscale, qui ont conduit pour la 2ème fois en 10 jours plus de 10.000 manifestant.e.s à se mobiliser dans les rues de Strasbourg.